Les centres d'appels téléphoniques (de
l'anglais « call centers ») demeurent un secteur d'activité à forte
croissance. Des téléopérateurs y traitent des informations à l'aide de
systèmes téléphoniques, couplés à des postes informatiques. Dans
certains centres, le travail est perçu comme pénible en raison de
l'organisation et des conditions de travail. Les plaintes les plus
souvent relevées portent sur la charge de travail excessive, le manque
d'autonomie et l'environnement bruyant. Ces aspects sont à la source
d'un turn-over particulièrement important. Cependant, l'intensification
du travail qu'ils peuvent refléter ne concerne pas tous les centres
d'appels : des choix organisationnels adaptés et des aménagements
ergonomiques peuvent améliorer les conditions de travail du salarié.
Les centres d’appels téléphoniques ont connu et connaissent
une croissance importante : 3 000 en 2002, 3 500 en 2004 en France.
Implantés en interne ou externalisés, à faible ou à
forte valeur ajoutée,
ils se caractérisent par un
rythme de travail intensif et des modes d’organisation faisant
penser à des formes plus anciennes de travail (taylorisation).
Les
salariés employés dans ce secteur (estimés
à 210 000 en 2004)
peuvent être soumis à des
conditions de travail astreignantes :
|
sur le plan physique et perceptif : niveaux sonores
élevés, contraintes visuelles du travail sur écran
;
sur
le plan mental et émotionnel : succession et juxtaposition
de tâches courtes, cadences élevées, agressivité
des clients. |
Dans certains cas, l’organisation du travail n’autorise pas
l’instauration d’un esprit d’équipe qui pourrait
contrebalancer certaines de ces difficultés.
Des solutions existent pourtant : elles s’appuient sur l’amélioration
de l’organisation et des conditions de travail, ainsi que sur l’aménagement
des espaces.
Ce dossier présente une synthèse d’informations sur
le sujet et propose des actions concrètes de prévention.
Qu’est
ce qu’un centre d’appels téléphoniques ?
Les
centres d’appels téléphoniques (encore appelés «
centres de relations clients »,
«centres de relations client à distance », «
plateaux d’accueil clientèle », «
centres de téléservices », «
centres de télémarketing »)
servent d’interfaces entre
les entreprises (ou les administrations) et leur clientèle.
Ils gèrent des appels téléphoniques « entrants
» et / ou « sortants ».
Il s’agit d’un secteur d’activité qui a
connu un développement récent, se traduisant par
un accroissement fort des effectifs.
En 2004, la France comptait
3 500 centres d’appels téléphoniques.
Plusieurs
définitions du centre d’appels téléphoniques
existent
|
« Structure basée sur le téléphone
et l’informatique qui permet une communication directe
et à distance entre un interlocuteur (client, prospect,
adhérent, usager…) et une personne, communément
appelée téléopérateur, qui représente
l’entité à l’origine du centre d’appel
(entreprise, association, collectivité locale…),
afin de répondre au mieux aux besoins des usagers et/ou
de développer la relation clientèle sous toutes
ses formes. » (Institut des métiers de France
Télécom, mars 1999)
« Collectif de salariés exerçant à
temps complet ou partiel leur activité par le biais du
téléphone, en lien avec un système informatique
pourvoyeur de ressources (base de données client, etc.),
mais aussi système d’organisation et de contrôle
de l’activité. » (Agence nationale pour
l’amélioration des conditions de travail / ANACT) |
Deux logiques
de relation clientèle dans les centres d’appels
|
Logique « intensification du travail »
Dans une société de vente par correspondance,
les employés sont chargés de répondre
aux questions des clients et de leur proposer des produits.
Le travail est vécu comme étant monotone et
répétitif car les opérateurs doivent
suivre une trame relativement stricte. Ils ont peu d’autonomie.
Les tâches sont parcellaires (par exemple, la tâche
de développement d’argumentaire de vente est
réalisée par un service ; celle d’établissement
d’un contrat de vente est à la charge d’un
autre). Dès qu’une demande ne correspond pas
aux attributions d’un téléopérateur,
il doit le transférer à un service habilité.
Le contrôle du travail des opérateurs par le
superviseur est permanent. Un suivi statistique quotidien
issus des données informatiques enregistrées
en temps réel est également effectué.
Les écoutes inopinées donnent lieu à
des entretiens dans un but d’amélioration des
performances. Les systèmes de surveillance laissent
peu de place à la confiance accordée aux opérateurs,
qui ne disposent quasiment d’aucune autonomie dans leur
travail. Les compétences sont peu valorisées
et le travail est déqualifié. Les possibilités
d’évolution de carrière sont très
limitées.
Logique « qualitative »
Dans une société de développement de
logiciels, des experts en informatique sont chargés
de répondre aux appels des clients dans le but de les
aider à utiliser une application logicielle. Leur expérience
en tant qu’informaticien est nécessairement de
longue durée. Leurs connaissances sont à la
fois théoriques et pratiques. Leur compétence
est reconnue par les pairs, la hiérarchie et également
par les clients qui bénéficient de conseils
de haut niveau technique. L’autonomie des experts est
large ; ils peuvent avoir recours à des pratiques informelles
pour faire face à l’imprévu. L’entreprise
leur fait confiance. La qualité du service est centrale
pour l’entreprise. Le contrôle quantitatif et
l’homogénéisation du travail ne constituent
pas des axes prioritaires : mieux vaut un client satisfait
qu’un appel traité en un temps record. La formation
et l’expertise sont valorisées. Des échanges
avec les collègues sont possibles, voire souhaitables
pour le partage des savoir-faire et l’enrichissement
des connaissances. Les responsabilités sont partagées.
La gestion des compétences (relationnelles, techniques
et technologiques) est importante dans l’entreprise. |
Une organisation et des conditions de travail qui
peuvent varier suivant les objectifs de l’entreprise et les caractéristiques
de son marché
Il existe des centres d’appels combinant des caractéristiques
de l’une et de l’autre de ces approches. Les contraintes seront
différentes selon que l’on s’approche de l’une
ou l’autre de ces logiques.
Principales
caractéristiques
Sous une dénomination commune,
les centres d’appels
téléphoniques regroupent une grande variété
d’activités. Avec pour principe commun la connaissance
des besoins et des attentes du client, ces activités vont de l’assistance
(aide juridique, soutien technique) à l’enquête par téléphone
et au télémarketing, en passant par des activités de
gestion commerciale (prise de commande)...
Les centres d’appels peuvent être implantés au
sein de l’entreprise comme ils peuvent être externalisés
(sous-traitance). Ils concernent le secteur public comme le secteur privé.
En termes de fonctionnement,
ils peuvent réceptionner des
appels (on parle d’« appels entrants » dans les
cas d’assistance technique, d’accueil ou d’information)
ou en émettre (« appels sortants » pour
les activités de prospection ou de télémarketing).
Les actions réalisées par les centres d’appels
peuvent être ponctuelles (pour une campagne de télévente
par exemple, la réalisation d’un sondage)
ou s’inscrire
dans la durée (activités d’assistance, support
informatique, ou service bancaire à distance).
Les centres d’appels téléphoniques constituent
un domaine d’activité à part entière, du fait
d’un certain nombre de caractéristiques propres :
|
le couplage téléphonie – informatique
l’organisation
du travail, caractérisée par des tâches parcellaires
précisément définies et par un contrôle
hiérarchique important
l’évaluation
de l’activité qui se traduit par le suivi de la performance
des salariés. |
Ce secteur d’activité est caractérisé par une
évolution constante. Les tendances actuelles s’orientent vers
une meilleure qualité de service (voir plus haut notre encadré
« Logiques rencontrées ») et une diversification de l’activité,
par l’intégration de services web et de messagerie électroniques.
|
Outils
Le fonctionnement des centres d’appels téléphoniques
s’appuie sur différents outils technologiques
:
|
Le central téléphonique
dirige les appels provenant de l’extérieur,
soit vers le premier poste libre, soit vers l’équipe
en charge du client.
La connexion avec le client peut être réalisée
via un serveur vocal interactif qui gère
la partie préliminaire de la communication (identification
de l’objet de l’appel, des références
du dossier…). |
|
|
Casque d’écoute et poste
informatique utilisés dans un centre d’appels téléphoniques |
|
La distribution automatique d’appels
permet la reconnaissance du numéro appelant pour
le rediriger vers le téléopérateur
en charge du dossier.
Dans le cas d’un centre d’appels utilisant
une liste de numéros téléphoniques
à contacter (fichier clients), un numéroteur
prédictif permet le lancement automatique
d’une vague d’appels sortants (vers l’extérieur).
Le couplage téléphonie informatique
(ou CTI) est employé pour la consultation ou la
saisie, en temps réel, d’informations dans
la base de données clientèle. |
D’autres types d’outils sont utilisés, dont des scripts (encore appelés « discours clients », « chartes verbales » ou « plans d’appels »), fixant le déroulement du
dialogue avec le client, ou des supports visuels
spécifiant les éléments incontournables
de l’entretien téléphonique.
Ces outils, selon la façon dont ils sont utilisés,
peuvent générer un certain nombre de contraintes
et contribuer à créer des tensions pour le téléopérateur. |
Personnel
A une multitude d’activités (conseil technique,
prise de commandes, prospection) correspond une multitude d’intitulés
de postes : téléconseiller, hotliner, téléacteur,
téléopérateur, télévendeur…
Il s’agit ici du personnel « en première ligne
», qui réceptionne ou émet les appels.
Ces téléopérateurs sont placés sous la
responsabilité d’un superviseur, également
appelé animateur, responsable de groupe, ou manager
d’équipe. Ce dernier encadre généralement
une dizaine de téléopérateurs. Jouant à
la fois le rôle de formateur à l’écoute
de son équipe et de surveillant poussant à la productivité,
il est lui aussi soumis à des impératifs de productivité
et de qualité.
La plate-forme téléphonique est quant à elle
supervisée par un chef de plateau, ou tout
autre responsable.
Témoignage d’Olivier, téléopérateur
de 35 ans, travaillant dans un centre « multi-clients »
: « Je connais mon chef, mais je sais pas qui sont mes collègues.
Ici il n’y a pas d’équipe, on n’est pas solidaires…
».
Organisation
du travail
L’organisation du travail dans les centres d’appels est
particulière, qu’il s’agisse de séparation
des tâches ou du suivi de l’activité. Les dispositifs
de suivi sont à prendre en compte lors de l’évaluation
des risques et des conditions de travail (tension, anxiété…).
|
Séparation des tâches
Les procédures de travail (scripts, phrases type, durée
des appels…) sont souvent définies dans l’entreprise
par un service dédié à cette tâche
(bureau des méthodes, service qualité…).
Le contrôle de la bonne application de ces procédures
est assurée par l’encadrement de proximité
(superviseur).
Comme les salariés d’usine du début du siècle
dernier, les téléopérateurs effectuent
un travail suivant un schéma préétabli
et doivent faire face à une grande répétitivité
des tâches. Par ailleurs, ils peuvent être engagés
dans différentes formes de rémunération
au mérite (primes, trophées, etc.).
Ces principes sont proches du système élaboré
par Taylor au début du XXe siècle : certains les
considèrent comme une « industrialisation »
d’activités tertiaires.
Système des écoutes
Dans tout centre d’appels, des écoutes téléphoniques
peuvent être pratiquées. Elles portent sur le respect
du script, le traitement correct des appels…
Les écoutes sont effectuées par la hiérarchie,
voire le personnel de formation ou les responsables qualité.
Elles présentent un intérêt pédagogique
pour le téléopérateur nouvellement formé,
un objectif d’homogénéisation
dans le traitement des demandes des clients et dans le langage
utilisé. Elles remplissent une fonction de surveillance
de l’application des procédures établies
et de contrôle qualité.
Autres suivis de l’activité
Différents systèmes (affichage mural
ou à l’écran) informent en temps réel
les téléopérateurs de leurs performances
: durées des appels, nombre d’appels et délais
d’attente des clients, classement des performances par
rapport aux autres téléopérateurs... |
Un
travail sous fortes contraintes
Dans nombre de centres d’appels, les
téléopérateurs sont soumis à des
normes de rendement (nombre d’appels par jour,
durée moyenne des échanges, obligation de résultat,
objectifs de vente…). Ces objectifs peuvent être
établis au niveau individuel et/ou collectif. Ainsi,
plus de deux tiers des salariés du secteur estiment être
soumis à de fortes contraintes temporelles. Une mesure
en temps réel des performances par des systèmes
informatiques et une surveillance constante par la hiérarchie
renforcent cette sensation de contraintes.
De plus, les téléopérateurs sont amenés
à respecter des procédures pour la conduite des
entretiens téléphoniques (scripts, supports visuels…).
Elles fixent le déroulement requis du dialogue et spécifient
les éléments incontournables de l’entretien
avec le client. Celles-ci constituent des supports utiles pour
le téléopérateur (surtout pour les débutants),
mais elles ne lui laissent que peu d’autonomie dans la
gestion de l’appel, et de façon générale,
dans son activité.
« J’aimerais pouvoir me lever, faire quelques
pas, simplement pour vider la tension… Mais ici, tout
est fait pour qu’on ne se lève pas. On est scotché
à sa place, attaché par le fil du téléphone,
bloqué face à l’écran »
(Magali, 26 ans) |
|
Un téléopérateur
en entretien téléphonique avec saisie simultanée
de données
|
Ces contraintes réduisent les occasions
d’échanges avec les autres téléopérateurs
: pauses décalées, difficultés des échanges
informels et plus généralement des rencontres
collectives. Or, toutes les études montrent que le soutien
par le collectif facilite la gestion des situations stressantes.
Le travail de téléopérateur impose d’afficher
des émotions (« sourire au téléphone
», calme, cordialité forcée, empathie…)
qui ne sont pas nécessairement ressenties. Sur le long
terme, la dissimulation de ses émotions réelles
(agacement, fatigue, colère…) crée des tensions
qui peuvent conduire à des troubles psychologiques.
« Parfois, ils vous insultent. Il faut garder le sourire
et rester aimable, même quand ils vous traitent d’incapable…
» (Sophie, 32 ans) |
|
Santé
des salariés dans les centres d’appels téléphoniques
Témoignage de Stéphane,
27 ans, conseiller clientèle en centre d’appels depuis
un an
|
« Le
plus difficile, le plus pénible, c’est de répéter.
Ce sont des appels tout le temps. Dès que ça raccroche,
un autre appel arrive. C’est ça qui est fatigant. C’est
de rabâcher sans cesse la même chose, jusqu’à
ce que les clients disent « oui ». Et au prochain appel,
le client redemandera la même chose. C’est usant. En
plus, on devine ce que le client va dire avant qu’il ne le
demande. Moi, je suis assez rapide dans le traitement des appels.
Je vais vite, je pourrais prendre plus mon temps. Mais je préfère
enchaîner. Car si j’arrête, s’il n’y
a pas d’appels pendant 3 ou 4 minutes., quand je reprends,
c’est trop dur. Alors que quand j’ai des appels tout
le temps, je m’en rends pas compte. En général
je ne fais jamais de pause. Pour gagner du temps au maximum après.
Et puis il y a les clients qui vous agressent, ça arrive
souvent. Il faut traiter les cas. Bloquer l’agression sans
attendre. Mais c’est dur ! On doit systématiquement
prendre sur soi. Mais c’est pas facile ! Moi je n’y
arrive pas toujours. En début de journée, quand on
voit qu’on vient de faire 30 appels et qu’il nous en
reste encore 80, ça, c’est très pénible.
Le soir je rentre chez moi, je suis très fatigué.
J’ai mal partout, de rester tout le temps assis à mon
bureau. Je me mets devant la télé, je n’ai envie
de rien. Je n’arrive pas à lire en rentrant, je suis
passif, j’ai besoin d’être passif. Souvent je
mets deux heures à décompresser. Ce sont des métiers
qui usent vite. » |
Les manifestations cliniques observées par les médecins du
travail chez les salariés du secteur sont notamment les suivantes
:
|
fatigue mentale, oculaire, physique et/ou auditive
troubles
alimentaires et digestifs
troubles
du sommeil
maux de
tête
anxiété,
irritabilité
troubles
musculo-squelettiques
troubles
dépressifs
symptômes
d’épuisement. |
Ces troubles peuvent être rencontrés de façon isolée
ou associée. Ils trouvent leur origine dans l’organisation
et les conditions de travail en centres d’appels.
Origine des troubles
de la santé observés dans les centres d’appels
téléphoniques
|
Facteurs psychosociaux
|
Contraintes d’ordre
physique
|
Cadence imposée
Absence
d’autonomie
Contrôle
omniprésent de la productivité
Répétitivité
des tâches, monotonie
Agressivité
des clients
Anonymat
dans les relations
Respect
des scripts et des procédures
Horaires
décalés, irréguliers
Absence
de soutien collectif
|
Bruit (dans les casques et environnemental)
Exiguïté
des locaux, des espaces de travail
Travail
statique, sur écran de visualisation (luminosité,
postures)
Température
et hygrométrie ambiantes inadéquates
|
Contexte
réglementaire
Il n’existe pas de réglementation spécifique
aux centres d’appels téléphoniques. L’employeur
et le préventeur doivent s’appuyer sur les principes généraux
de prévention édictés par le Code du travail.
Extrait de l’article L. 230-2 du Code du travail
Il existe une réglementation spécifique au
travail sur écran, pouvant être appliquée aux
centres d’appels téléphoniques (décret n°
91-451 du 14 mai 1991 et circulaire DRT n° 91-18 du 4 novembre 1991).
Les grandes lignes de cette réglementation portent sur :
|
l’analyse et l’organisation du travail sur écran,
l’information et la formation des salariés, la surveillance
médicale,
les équipements
(écran, clavier, etc.) et les conditions d’ambiance (radiations,
humidité, bruit, éclairage). |
Pour en savoir plus, consulter notre dossier « Travail sur écran
».
D’autres dispositions peuvent être utiles au préventeur,
notamment celles concernant la conception des situations de travail et les
horaires atypiques de travail, qu’il s’agisse de
travail
de nuit ou de
travail
posté.
Démarche
de prévention
Les fortes contraintes observées dans un certain nombre de cas peuvent
entraîner à moyen terme une dégradation de l’état
de santé des salariés (fatigue, stress, anxiété,
troubles somatiques, épuisement nerveux…) et des difficultés
pour l’entreprise (absentéisme, turn-over, difficultés
de recrutement ou de maintien des compétences…). D’où
l’importance de la prévention dans ce secteur.
Les mesures proposées dans ce chapitre doivent être considérées
dans la perspective d’une démarche de prévention globale
mise en place dans l’entreprise. La prévention doit être
intégrée le plus en amont possible, en passant par des mesures
d’organisation du travail, d’information et de formation du
personnel.
La prévention sera d’abord technique et collective : conception
et aménagement des espaces de travail, organisation globale.
|
Evaluation
des risques
L’évaluation des risques professionnels dans un
centre d’appels devra s’appuyer sur les éléments
suivants :
|
des indicateurs globaux de santé de l’entreprise
ou du secteur (taux de rotation du personnel, absentéisme,
satisfaction-motivation, indicateurs de charge de travail…),
l’environnement matériel et humain (niveau sonore,
encombrement des plateaux, ergonomie des équipements,
relations hiérarchiques, modalités d’évaluation
de la performance…),
l’appréciation par les salariés des conditions
de travail (au moyen d’entretiens, de questionnaires…),
le bilan annuel du médecin du travail (pouvant mettre
en avant des indicateurs chiffrés sur l’état
de santé du personnel). |
Cette démarche doit permettre d’identifier les facteurs
de risques à traiter en priorité par l’entreprise.
Pour l’aider dans cette démarche, l’employeur peut
notamment faire appel au Comité d'hygiène, de sécurité
et des conditions de travail (CHSCT) et au médecin du travail.
|
Le CHSCT, dans le cadre de sa mission d’analyse des risques,
peut contribuer à cette évaluation des risques.
Le médecin du travail apportera sa collaboration sur
la base de ses connaissances des situations de travail et de
l’état de santé des salariés. |
La retranscription de cet état des lieux dans le document unique
doit permettre à l’employeur d’élaborer
un plan de prévention approprié aux risques identifiés,
y compris les aspects psychosociaux.
Pour en savoir plus, consultez notre dossier Web « Evaluation
des risques professionnels ».
Combattre
les risques à la source
Les mesures de prévention à mettre en place dans
les centres d’appels résultent de l’évaluation
des risques. Elles peuvent porter sur :
|
l’organisation du travail,
l’environnement matériel et technique,
les relations de travail,
la tâche elle-même. |
Toutes les actions énoncées ci-après sont complémentaires
et contribuent à la réduction des risques mis en évidence
dans ce secteur d’activité. Les mesures collectives,
notamment celles portant sur l’organisation globale, sont à
mettre en œuvre en priorité pour obtenir une efficacité
à long terme et bénéficier à l’ensemble
du personnel.
De plus, des actions ponctuelles d’ordre individuel (salariés
présentant des troubles anxio-dépressifs par exemple)
peuvent être nécessaires pour répondre à
des impératifs d’urgence.
|
Mesures portant sur l’organisation du travail
La mesure la plus simple à mettre en œuvre
porte sur la mise en place de pauses régulières.
Pour des activités sur écran comme celles rencontrées
dans les centres d‘appels, une pause d’au moins
5 minutes est préconisée toutes les heures environ.
Il est recommandé de bouger pendant cette pause. De plus,
des pauses de courte durée sont souhaitables à
la suite d’appels éprouvants.
Il faut cependant mener des actions
de portée plus globale qui envisagent la gestion des
ressources humaines sur le long terme :
|
Mise en place de moyens humains et techniques
suffisants pour répondre au flux d’appels
à traiter.
Fixation d’objectifs réalistes,
tenant compte des ressources humaines mises en place.
Répartition adéquate de la charge
par personne et par équipe dans la journée,
détermination des grilles horaires. |
Comment déterminer
des cadences de travail dans un centre d’appels
téléphoniques ?
|
Il
n’y a pas de référence absolue en
matière de cadences et de charge de travail. La détermination de cadences de travail
par l’entreprise doit passer par une appréciation
de ce que les salariés peuvent prendre en charge
sur le long terme.
Les cadences prescrites ne peuvent être établies
sur la seule base des performances attendues de salariés
jeunes, performants et « en pleine forme »,
sur une période courte. En effet, cela risque
de susciter un sentiment d’échec pour tous
les autres (moins en forme, moins jeunes, après
quelques années de pratique). Cela peut également
amener à un taux de rotation élevé,
coûteux et générateur à terme
de difficultés de recrutement. A moyen terme,
les conséquences pour la santé d’un
rythme de travail trop élevé sont des
signes d’épuisement, que seul un retrait
de l’environnement de travail permettra de faire
disparaître.
Lorsqu’une organisation représentative
du personnel existe dans l’entreprise, elle devra
être partie prenante de la détermination
de ces cadences de travail. |
Les modalités d’encadrement doivent permettre
aux salariés de conserver une certaine autonomie dans
leurs activités. Elles prévoiront par
exemple que les téléopérateurs puissent
:
|
moduler leur charge de travail suivant les périodes,
alterner, quand les nécessités du service
le permettent, les tâches de prise d’appels
avec d’autres tâches (rédaction de
courrier ou de courriel, complétion des dossiers
clients),
participer à la composition des équipes.
|
Le suivi de la performance ne doit pas être excessif.
Une pression continue et un sentiment de surveillance permanente
sont sources d’anxiété.
Il est souhaitable d’éviter de donner des consignes
pouvant être perçues par le salarié comme
contradictoires. Par exemple, les situations où l’encadrement
exige performance, imagination, adaptabilité dans la
relation avec le client, alors que l’organisation impose
des durées d’appels, des modalités d’interaction
prédéfinies et des objectifs quantifiés,
doivent être évitées.
Face aux difficultés et aux risques spécifiques
rencontrés dans ce secteur, une formation et/ou
une sensibilisation du personnel à la prévention
est à prévoir. Elle doit notamment porter
sur la charge émotionnelle (souvent importante lors de
relations tendues voire agressives avec des clients) et ses
modes de gestion.
Par ailleurs, il est également important de proposer
des possibilités d’évolution internes
ou externes, par des formations qualifiantes.
Mesures portant sur l’environnement matériel
et technique
Ces mesures portent essentiellement sur la conception et l’aménagement
des situations de travail dans les centres d’appels
: dimensionnement des espaces, choix des équipements
de travail, éclairage, ambiance thermique et acoustique…
Tous ces points sont détaillés dans la fiche pratique
de sécurité « Les centres d’appels
téléphoniques », rédigée par
le groupe national « Conception des locaux et situations
de travail » (ED
108).
Les préconisations générales
relatives au travail sur écran doivent être
prises en compte dans cet aménagement des situations
de travail. Elles portent notamment sur les dispositions
du matériel, sur l’éclairage et sur
le mobilier.
Pour en savoir plus, consultez notre dossier web «
Travail
sur écran ».
Enfin, il est important de donner au téléopérateur
la possibilité de varier ses postures de travail,
voire d’effectuer quelques pas en travaillant pour
se détendre... |
|
Un exemple d’aménagement
de l’espace de travail dans un centre d’appels
téléphoniques
|
Dans la même perspective, la mise
à disposition d’un espace de détente,
à l’écart du plateau, est conseillée.
|
Actions relatives
au bruit dans les centres d’appels téléphoniques
|
L’INRS
a constaté que pour environ un quart de centres
d’appels en France, les niveaux sonores dépassent
les seuils admissibles, ce qui ne peut qu’entraîner
à terme des surdités. De plus, ces niveaux
sonores élevés nuisent à l’efficacité
d’un travail exigeant de la concentration. Il
importe donc de réduire autant que possible le
niveau sonore dans les centres d’appels. L’astreinte
sonore résulte à la fois du volume généré
par le casque d’écoute utilisé dans
ce secteur et de l’ambiance sonore au niveau de
l’environnement de travail. Le casque doit cependant
permettre une gestion confortable de la communication
avec le client. On considère qu’un écart
de 25 décibels entre le niveau ambiant et le
niveau des conversations est nécessaire.
Une mesure pertinente du niveau d’exposition au
bruit, du fait de l’utilisation du casque, doit
être réalisée dans l’oreille
du téléopérateur. Peu de laboratoires
sont équipés pour effectuer ces mesures.
La durée journalière d’exposition
est également à prendre en considération
dans cette évaluation de l’exposition.
La réduction du bruit passe notamment par :
|
un choix d’appareils peu bruyants (conditionnement
d’air, chauffage, ventilation, ordinateurs)
;
le traitement acoustique des parois et du plafond
du local ;
l’espacement des postes de travail ;
l’utilisation de casques dont le niveau
sonore est limité, cette limite tenant
compte du niveau de bruit ambiant sur le plateau
et de la durée d'utilisation quotidienne
(niveau d’exposition sonore en tout état
de cause inférieur à 85 décibels)
;
la réduction de la durée d'exposition
au bruit par l’alternance de tâches
avec ou sans casque ;
des modifications de l’organisation du travail
permettant d’agir soit sur le volume sonore,
soit sur l’exposition, soit sur la durée
d’exposition. |
Les salariés doivent de plus être informés
sur le risque auditif et formés à l'utilisation
de leur poste téléphonique ainsi qu’au
réglage du volume sonore.
Pour en savoir plus, consultez notre dossier web
« Bruit
», ou notre étude sur le bruit dans les centres d'appel (NS 289). |
Mesures portant sur les relations au travail
Les mesures considérées dans ce chapitre
portent principalement sur les échanges collectifs, les
relations informelles avec des collègues et les relations
avec la hiérarchie (en dehors d’un contexte d’évaluation).
Dans les activités générant une tension
émotionnelle, notamment les métiers de relations
clients, les mesures suivantes sont préconisées
:
|
Prévoir des lieux et des moments (pauses) favorisant
les échanges informels (qui permettent d’évacuer
les tensions professionnelles).
Permettre les échanges professionnels entre téléopérateurs
pendant le travail, bénéfiques au climat
général de l’entreprise comme au développement
des compétences.
Tenir compte des affinités entre les personnes
lors de la constitution des équipes.
Elaborer des dispositifs de formation permettant un échange
sur le vécu au travail.
Créer un climat d’écoute mutuelle
(horizontale et trans-hiérarchique).
Mettre en place, le cas échéant, des groupes
de parole, permettant l’expression du vécu,
l’échange d’expériences, notamment
sur le plan émotionnel, et favorisant l’entraide.
|
Mesures portant sur la tâche elle-même
Il est important de mettre en place des mesures permettant de
limiter la monotonie du travail, particulièrement dans
les centres d’appels caractérisés par une
forte répétitivité des tâches et
par des cadences importantes.
Ces mesures peuvent consister à :
|
Prévoir des pauses régulières permettant
au téléopérateur de quitter son poste
de travail.
Alterner des communications de natures différentes
(vente, conseil…).
Concevoir des profils de poste intégrant d’autres
activités (par exemple traitement de courriers
postaux et électroniques).
Proposer au personnel de participer, pour des durées
limitées, à des activités transversales
du type projets, à des groupes de réflexion
prospectifs, à la mise au point de nouveaux produits
ou de procédures de travail… |
Mesures d’ordre individuel
Ces mesures concernent l’individu dans
son positionnement et son comportement face à son environnement
de travail. Elles impliquent aussi bien le personnel d’encadrement
que le téléopérateur lui-même. Elles
ne pourront répondre qu’à des problématiques
ponctuelles, individuelles. Elles doivent être considérées
comme des réponses à des situations d’urgence
(stress caractérisé, épuisement professionnel).
Elles ne présentent que peu d’efficacité
à long terme face à une problématique
collective, car elles ne portent pas sur les difficultés
de fond de l’entreprise.
On peut souligner que les problèmes constatés
à un niveau individuel peuvent constituer un signal d’alarme
d’un malaise plus large, et servir à la recherche
de mesures de portée collective.
Mesures concernant
le téléopérateur confronté
à des troubles de santé
liés à
son activité
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Etre attentif à ses « baisses
de régime » : difficultés
à atteindre ses objectifs, sentiment d’échec.
Eviter de rester isolé,
tant dans la sphère privée que professionnelle
:
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- Parler de ses difficultés
(baisse de moral, anxiété,
insomnie, fatigue extrême, dépression…)
au médecin du travail qui l’orientera
vers des solutions adaptées.
- Dialoguer avec les personnes de l’entreprise
(collègues, représentants
du personnel, membres du CHSCT, encadrement). Source: inrs.fr | | | | |
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